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Affirmez-vous ou taisez-vous : les réactions des enseignants face à l’intimidation peuvent-elles prédire la révélation de victimisation de la part des élèves? /Speak up or stay silent: Can teacher responses towards bullying predict victimized students’ disclosure of victimization?

Référence

Bokkel, I.A. ten, Stoltz, S.E.M.J., Berg, Y.H.M. van den, Orobio de Castro, B., Colpin, H. (2020). Speak up or stay silent: can teacher responses towards bullying predict victimized students’ disclosure of victimization? European Journal of Developmental Psychology, 1-17. https://doi.org/10.1080/17405629.2020.1863211

Résumé

L’intimidation à l’école peut avoir une incidence négative sur les relations sociales, la santé physique et mentale des victimes (McDougall et Vaillancourt, 2015). Pour Inchley et al., (2020), un élève sur dix aux Pays-Bas déclare en avoir subi de la part d’un pair. Si les écoles encouragent souvent les élèves à contacter les adultes du milieu en cas de victimisation (Bjereld, 2018), des données montrent que très peu d’élèves le font. L’objectif général de cette recherche est d'étudier le rôle des enseignants face à la révélation de victimisation des élèves. De manière plus précise, cette recherche vise à décrire (1) la prévalence des dénonciations des élèves victimisés aux enseignants, et (2) à examiner si les réponses des enseignants à l’intimidation prédisent la dénonciation ultérieure des élèves victimisés.

 

La recherche s’est appuyée sur un échantillon de 874 élèves (46,3% de filles) et 277 enseignants (70,1% de femmes) provenant de 70 écoles primaires néerlandaises. Il s’agit des élèves ayant indiqué avoir été victimisés par des pairs, au moins deux ou trois fois durant le mois précédant l’enquête nationale sur l'efficacité des programmes de lutte contre l'intimidation aux Pays-Bas (Orobio de Castro et al., 2018). La victimisation par les pairs a été mesurée à partir du Questionnaire Olweus Bully/Victim révisé (Solberg et Olweus, 2003). Une version adaptée du Questionnaire sur les politiques de gestion de la classe (Troop-Gordon et Ladd, 2015) a été utilisée pour mesurer les réactions des enseignants face à l’intimidation. Les propriétés psychométriques de cet instrument révisé ont été évaluées à l'aide d'analyses factorielles exploratoires et confirmatoires (ACF).

 

Les résultats indiquent que 76,8% des élèves intimidés ont déclaré l’avoir révélé à quelqu'un ; 58,3% d’entre eux l’ont dit à un enseignant. Aucun effet des réponses (actives ou passives) des enseignants sur la dénonciation des élèves intimidés n’a été trouvé. Ce qui ne permet pas de prédire la probabilité que les élèves intimidés révèlent la situation à leur enseignant. Une situation qui, selon les auteurs, pourrait s’expliquer par le fait que leur recherche n’ait pas pris en compte des variables telles que la disponibilité des enseignants, la capacité d'aider et la confidentialité (Yablon, 2017). Aussi recommandent-ils de mener davantage d'études sur les révélations des élèves victimisés en utilisant différentes conceptualisations des réponses des enseignants (ex. : Je punis les élèves quand ils intimident les autres; Je demande à l'élève victime de se défendre davantage). Ils proposent à cet effet de cibler les élèves intimidés et d’évaluer des variables supplémentaires, susceptibles de favoriser la dénonciation telles que la disponibilité des enseignants, la capacité d'aider et la confidentialité (Yablon, 2017). Afin d’aider les enseignants à réagir de manière appropriée aux dénonciations des élèves intimidés, les auteurs suggèrent de former les enseignants à la création d’environnements sécurisants pour les élèves victimes de violence.

Axe
Axe 1 : Compréhension des phénomènes,
Axe 3 : Pratiques et approches prometteuses